Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/113

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9 février. — Aujourd’hui je feuilletais, chez un marchand, un carton d’estampes. Au bas de la planche de Lawreince : le Roman dangereux, sous la femme étendue sur le lit de repos, je vois écrit par une encre contemporaine de Manuel : la duchesse de Berry. L’histoire s’écrira encore longtemps comme ça.

— Il n’y a que deux situations dans les rapports avec ses semblables : ou vous avez besoin d’eux, ou ils ont besoin de vous. Notre niaiserie est malheureusement de ne jamais abuser de la seconde des situations.

— La révolution de l’existence parisienne est assez bien marquée par le passage de la taverne de Lucas à la taverne de Peters. L’une a été autrefois, l’autre est, à l’heure présente, la salle à manger des Parisiens. Eh bien ! le dîneur chez Lucas était un artiste, un employé supérieur de ministère, un officier en bourgeois, un gentilhomme de 6 000 livres de rente. Aujourd’hui le dîneur chez Peters est un boursier, ou un turfiste ; ou un photographe.

— Rêve que font tous les danseurs. Ils rêvent qu’à force d’entrechats, ils vont se brûler au lustre.