Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/115

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lière rencontre de la sympathie, — ont pris, la même nuit, à l’un le foie, à l’autre l’estomac. Toujours souffrir ! Et ne jamais être complètement sans un peu souffrir ! Pas une heure de cette pleine et sereine plénitude et sécurité de santé qu’on voit aux autres. Toujours ou l’inquiétude de sa souffrance à soi ou l’inquiétude de celle de l’autre. Toujours disputer sa verve et arracher son imagination au mal-en-train de son corps, à la tristesse du mal.

25 février. — À nous convalescents, la santé de Flaubert, grossière, sanguine, et campagnardisée par un plein air de six mois, nous fait paraître l’homme un peu blessant ou au moins trop exubérant pour nos nerfs, — et son talent même se grossit de son encolure dans notre pensée.

— Les belles choses en littérature sont celles qui font rêver au delà de ce qu’elles disent. Par exemple dans une agonie, c’est un geste sans raison, un rien vague qui n’est pas logique, un rien qui est un symptôme inattendu d’humanité.

— Pourquoi une porte japonaise me charme-t-elle et m’amuse-t-elle l’œil, tandis que toutes les lignes architecturales grecques l’ennuient, mon œil ! Quant aux gens qui prétendent sentir les beautés de l’un et