Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— et cette fenêtre est comme un parloir avec la rue, et où l’enfermé a le secours de la pitié, et du bavardage faisant, sous le soleil, sonore le pavé… Je ne sais pourquoi, j’aime cette bonne enfance de la répression.

Ces villes des États Romains, me semblent les dernières villes, où le pauvre est encore chez lui. Il y a là, un apitoiement, une miséricorde de nature, presque une familiarité du petit bourgeois pour le pauvre, le misérable, le haillonneux, qui vous étonne, quand on vient d’un de ces pays durs aux sans-le-sou, où l’on fait des cours officiels de philanthropie. C’est presque avec une caresse, que le maître de café pousse doucement le mendiant à la porte.

Six heures. Arrivée à Rome. Un individu, que nous avons pris à Civita Vecchia, sort de la voiture des prisonniers, des menottes de fer aux mains. C’est le vrai brigand poncif de Schenetz. Il est gras, fleuri, insoucieux, et visiblement flatté de l’attention sympathique du public, pendant qu’il marche entre deux carabiniers, qui semblent avoir, sur le front, la honte que devrait avoir le brigand.

9 avril. — La femme du Midi ne parle qu’aux sens ; son impression ne va pas au delà. Elle ne s’adresse qu’à l’appétit masculin.

Et le soir, après avoir passé en revue tous ces types de beauté éclatante ou sauvage, que montrent la rue, le Pincio, le Corso, je trouve qu’il n’y a qu’une An-