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rien ne se traite sérieusement que les choses légères, et légèrement que les choses sérieuses.

Museo Vaticano.

Parmi les statues d’hommes nus, un certain rentrant des reins qui n’existe, dans les temps modernes, que chez les gymnastes et les faiseurs de tours.

Un des caractères de la beauté de l’œil dans les statues grecques — caractère que je n’ai vu indiquer nulle part — c’est la retraite de la paupière inférieure, en sorte que si on regarde un œil de profil, il se dessine en une ligne complètement fuyante, tandis que dans les bustes romains, et cela est très marqué dans la sculpture médiocre, la paupière supérieure est sur la même ligne que l’inférieure.

Une beauté, dans la beauté grecque, une beauté que les poètes nous montrent appréciée, c’est la forme et la délicatesse des joues, le masque osseux de la figure devait être singulièrement resserré, amenuisé aux pommettes. Ce n’est pas la tête romaine, qu’enfle déjà la saillie des arcades zygomatiques, qui a tout son développement dans les têtes barbares.

No 66. Tête présumée de Sylla. Une tête ayant le type de l’acteur Provost. Un vieillard, le front raviné de rides, l’œil sans prunelle dans le creux d’un orbite froncé de patte d’oie, la chair lasse et débridée du vieil âge dans les joues, la bouche avec son hiatus de côté, entr’ouverte par l’édentement, un coin baissé, un coin relevé, et respirant une ironique et intelli-