Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/129

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gente amertume ; rien d’admirable comme les flottants modelages du dessous du menton, et les deux belles cordes faisant la fourchette du cou.

Et quoi de plus artiste dans cette tête, aux dessous et aux plans précieusement modelés, que ces coups de ciseau qui ont gardé la rudesse de l’ébauche, et griffent cette tête des fortes rayures de la vie et des années ? Il y a dans cette tête des parties, ainsi que dans la fuite des joues, dans l’oreille, qui laissent voir sous le rocheux du travail, et dans le gros grain du marbre, comme le lâché d’un dessin de génie. Singulière et rare union de la beauté de la sculpture grecque avec le réalisme de la sculpture romaine.

Une statue, grande comme deux fois un homme, une statue de bronze doré, à la dorure épaisse comme un sequin rongé de vert-de-gris par les siècles, une statue qui semble un corps de géant dans la damasquinure d’une armure d’or, — c’est l’Hercule nouvellement trouvé. Un morceau de splendeur que le jour caresse avec joie, et qui se lève dans sa grande niche, comme l’échantillon rayonnant de la richesse et du luxe du Temple antique.

César Auguste. Les cheveux versés sur le front comme des gerbes. Une tête où, dans la solide construction de l’ancienne tête romaine, il y a comme le poids pesant de la pensée. Une matérialité méditative. La sévère et profonde beauté des yeux, qu’on sent plutôt qu’on ne perçoit dans leur cernure d’ombre. Dans le bas de la figure, autour de la bouche, comme un tourment apaisé et un travail de haut