Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/148

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avait que cette union des deux grandes puissances pour remettre l’équilibre en Europe, — dût cette alliance ne pas durer plus longtemps que les traités de 1815, une cinquantaine d’années, un laps de temps suffisant pour faire la gloire des deux souverains qui auraient signé cette alliance.

Mais M. de M…, agent de la Russie, demandait une conclusion immédiate aux Tuileries. Solution, si elle avait été acceptée, capable de faire d’autres destins à l’Europe, mais que repoussa au néant des grandes choses enterrées, l’esprit temporisateur de l’Empereur et rétractile aux larges décisions.

17 juin. — Berthelot nous disait à Magny, que non seulement la France est le pays qui a le moins d’enfants, mais que c’est, par là-dessus, celui qui a le plus de vieillards, et dont le chiffre est comme 100 à 58, relativement à la Prusse. Il attribuait à cela le ganachisme actuel.

24 juin. — Roqueplan que j’arrête dans la rue, et auquel je fais compliment de sa solidité et de sa résistance physique, me dit : « Ah ! c’est que je n’ai jamais bu de mauvais vin. Il faut faire très attention à ce qu’on prend et à ce qu’on rend ! »

Ce soir, aux Champs-Élysées des filles causaient près de moi sur des chaises : « Laisse donc, dit l’une, je suis franche. On fait huit cents francs. On vit avec