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3 juillet. — Vichy.

Cette vie avec ses bains, ses verres d’eau de demi-heure en demi-heure, ses petites promenades de l’hôtel aux sources, le règlement et les coupures de la journée, la discipline de la cure, dissipe un peu en nous le spleen abominable de nos derniers jours à Paris, à peu près comme la vie monastique devait suspendre l’ennui des grands ennuyés des siècles passés.

— Le directeur des eaux me disait qu’on vendait les chaises sur lesquelles l’Empereur s’était assis. Ainsi, il y a des gens pour adorer la place de ses hémorroïdes. Et nous nous moquons encore des peuples qui rendent un culte aux fientes du Grand Lama.

— La race bourbonnaise, cette race du Centre, marquée à tous les bons signes de la pauvreté d’une province et de l’éloignement d’une capitale, race laide, rabougrie, a une caresse dans l’accueil et le service que je n’ai rencontrée nulle autre part. On dirait que les peuples ont les vices de leur beauté et les vertus de leur laideur.

9 juillet. — Je lis ce matin que Ponsard est mort. Il restera l’immortel exemple de toutes les