Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sympathies de la France pour la médiocrité, et de toutes ses jalousies contre le génie. Je ne lui vois guère d’autre immortalité pour le sauver de l’oubli.

9 juillet. — Parc de Vichy. Sept heures et demie du soir. Une broussaille de genêts, toute fleurie de jaune ; au-dessus de petits arbres, aux feuilles argentées, glacées de soleil couchant, et toutes emplies d’une illumination rose, et s’enlevant sur un ciel bleu si pâle qu’il semble blanc : un coin de coucher de jour d’un tableau primitif, un éther angéliquement pâle, plein de petits cris d’oiseaux qui volent si haut qu’on ne les voit pas, et aussi du rire d’une petite fille qu’on ne voit pas non plus, remplissant de sa gaieté rieuse, le chalet où elle court.

— Tous les faiseurs de petits travaux d’art et d’histoire, tous les Chinois d’érudition que je connais, prennent un aspect chinois par le ventre et la graisse qui leur chinoise les yeux.

12 juillet. — Sur l’Allier. Une petite laveuse, les bras nus, le casaquin clair, un ruban couleur feu dans les cheveux pour toute élégance, de petits tétons ronds qu’on sent baller comme une paire de pommes, le corps libre, souple, m’a fait repasser devant les yeux la