Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/167

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table dans le jardin : ce qui donne toujours à un dîner l’air d’un dîner de théâtre. Puis la nuit descendue, tout le monde roule en voiture ; et l’on vague dans du clair de lune, qui transfigure tout ce pays de Montmorency, en un rêve de paysage parisien. L’on passe par la vaporeuse fraîcheur du Bois-Jacques, et l’on revient au lac, inondé de lumière argentine dans le rideau de ses arbres tout noirs. Et les uns sur les bateaux, les autres sur des périssoires, semant le lac d’éclairs, en coupant de la rame ou des palettes l’eau scintillante, évoquent dans cette banlieue un souvenir d’un lac de cette Italie, dont la langue revient en musique, sur les lèvres des hommes et des femmes.

— Des hommes sont tentés par la mort comme par une dernière aventure.

— Il n’y a que les domestiques qui savent reconnaître les gens distingués.

— Un côté caractéristique des ménages troubles : ce sont ces froids qui tout à coup tombent dans l’intimité, en présence de tiers, ces absences de la femme qui chantonne en se livrant à un battement nerveux d’un pied sur un barreau de chaise, cette ombre qui vient sur le front du mari, enfin tout ce