Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/180

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Penguilly racontait encore que la fameuse maréchale Lefèvre, cette haute gueule de la première cour impériale, apporta, un beau matin, le bâton du maréchal au Musée d’artillerie, et comme le conservateur, tout en la remerciant, s’étonnait que la famille ne conservât pas une telle relique : « Ah ! bien oui, ma famille, vous ne les connaissez pas, — et faisant le geste, — ils seraient capables de s’en servir pour abattre des noix ! »

8 octobre. — Dîner Magny.

Oh ! l’intolérance du parti de la tolérance ! J’ai pensé au mot de Duclos. « Ils finiront par me faire aller à la messe ! »

11 octobre. — Fini aujourd’hui notre pièce : Blanche de la Rochedragon (la Patrie en danger).

La rue Childebert va disparaître. Goguet le marchand de cadres anciens déménage. Drôle de bonhomme et drôle de rue.

La rue lépreuse avec son air de cul-de-sac provincial, et qui fait brusquement le coude à une petite entrée de Saint-Germain-des-Prés : une rue où le bric-à-brac coulait sur le pavé, où des fauteuils étaient à cheval sur le ruisseau, une rue où l’on marchait au milieu de cadres dédorés, une rue aux devantures et sur les portes, c’était un méli-mélo de vieux portraits sur des chaises n’ayant plus que