Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/205

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se dépêchant de vendre comme à un jeu de « petit bonhomme vit encore ».

6 mars. — Tant d’ennuis, tant de contrariétés, une sorte de désespoir de la vie venant de ses impitoyables taquineries, nous ont mis en bon état philosophique pour le refus de notre pièce : ce sera une amertume qui passera dans la masse.

Rops, qui nous a envoyé le dessin d’une fille du plus artistique style macabre[1] portant cette dédicace : À MM. Edmond et Jules de Goncourt, après Manette Salomon, vient nous voir. Un étrange, intéressant et sympathique garçon. Il nous parle spirituellement de l’aveuglement des peintres à ce qui est devant leurs yeux, et qui ne voient absolument que les choses qu’on les a habitués à voir : une opposition de couleur par exemple, mais rien du moral de la chair moderne.

Et Rops est vraiment éloquent, en peignant la cruauté d’aspect de la femme contemporaine, son regard d’acier, et son mauvais vouloir contre l’homme, non caché, non dissimulé, mais montré ostensiblement sur toute sa personne.

4 mars. — La princesse disait ce soir : « Je n’aime que les romans dont j’aimerais à être l’héroïne ! »

  1. C’est le dessin gravé dans le Paris de Victor Hugo.