Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/222

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actuel de la science, a poussés à des fortunes ironiques.

L’un des convives de Magny a connu le savant Y…, humble, pauvre, misérable, et joueur de piano dans sa mansarde, comme tous les Allemands. Il le retrouve avec une cravate à pois roses, en un costume ébouriffant, le costume qu’on peut imaginer d’un savant allemand, travesti en gandin : « Vous me trouvez un peu changé, n’est-ce pas ? lui dit le savant. Ah ! c’est que j’ai vu que le travail, l’application, tout ça, c’était de la bêtise… Hase m’a dit qu’il n’y avait pour arriver que les femmes… Voyez Longpérier, s’il n’allait pas dans les salons… »

À une autre rencontre, le même savant Y… accrochant le même convive, l’entraînait dans une embrasure de fenêtre, et lui demandait anxieusement, s’il croyait qu’un Allemand comme lui, pût jamais devenir capable de dire des cochonneries à des femmes, ainsi qu’en disent les Français, qu’il essayait bien, mais ce qu’il disait était trop gros, et devenait de la salauderie impossible à prononcer.

Quel comique symptôme du temps ! La science employant ces vils moyens pour parvenir, la science représentée par deux grossiers natifs du pays de la simplesse, voulant arriver par la légèreté et la grâce de la corruption de France.

Des types à fouetter dans un roman.

— Un insolent mot de la Païva, un mot comme