Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/234

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terrible à Flaubert à propos de ses visites à la ***… Dans un sentiment de hauteur et de femme du monde, elle se plaignait spirituellement, ce matin, d’avoir à partager avec de pareilles femmes, la société, la pensée de ses amis, d’hommes comme Sainte-Beuve, Taine, Renan, lui volant vingt minutes, lorsqu’ils dînaient chez elle, pour aller les porter chez cette fille. Elle s’est élevée contre les grands exemples de domination de ces femmes, honorées de la fréquentation des philosophes, des hommes de lettres, des savants, des penseurs, contre la puissance de ces fillasses n’ayant point pour excuse un art, un talent, un nom, le génie d’une Rachel, et chez qui les plus purs vont manger les truffes de la courtisane.

Et on a rabâché sur la contagion de leur corruption, l’imitation et les plagiats de leurs modes, et on a cité les noms des femmes de la société qui rivalisent avec elles.

— Ici le château dort ou paraît dormir jusqu’à onze heures. La princesse ne descend que quelques minutes avant déjeuner, à onze heures et demie, les journaux dans une main, et l’autre tendue aux baisers de ses hôtes. Elle est généralement, à ce moment, matinalement gaie, vive avec un éveil de santé, volontiers plaisantante, fouettée par les lettres reçues, par les lettres écrites, par les nouvelles de la presse.