Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/264

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poursuivi par une bande de loups toujours croissante et s’allongeant à l’infini, jette, pour les arrêter et gagner du temps, ses provisions, ses couvertures, ses bottes.

3 janvier. — Si on écoutait ses maux, on resterait couché et on ne se lèverait qu’au jugement dernier.

— Un mot qui peint la politique présente de casse-cou et de sans lendemain : c’est le mot de Rouher à Vatry, fort effrayé de la situation. Le Richelieu du laissez-aller l’écoute, puis lui répond simplement : « Depuis quelque temps, j’étudie beaucoup un philosophe chinois, dont je mets la sagesse en pratique : c’est le philosophe Ye-men-fou. »

5 janvier. — Dîner Magny.

Causerie du docteur Robin donnant des détails relatifs à des expériences saisissantes et de haute terreur, sur des décapités, sur des corps d’hommes sans tête, qui, au bout de quarante-cinq minutes de mort, portent la main, avec un mouvement de vivant, à leur poitrine, à l’endroit où on les pince, et beaucoup d’autres épreuves venant à l’appui d’une théorie sur l’indépendance du cerveau et du cœur.

Pas de distraction pour nous enlever à notre état malingre, au tourment de notre santé, comme ces