Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/265

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hautes élévations de la science, ces hypothèses médicales, ces rêves dans l’inconnu de la vie, et qui nous apportent les oublis et les étourdissements, que donnent aux autres les enivrements d’une fête du monde, d’un bal, d’un spectacle.

Mercredi 6 janvier. — Je dis à la princesse que j’ai vu Sainte-Beuve, que j’ai trouvé fatigué, préoccupé, triste. Elle ne répond pas, passe devant moi, et me fait signe de la suivre dans le premier salon, le promenoir de ses causeries intimes et de ses tête-à-tête confidentiels.

Et là, elle éclate : « Sainte-Beuve, je ne le verrai plus, jamais… Il s’est conduit avec moi… lui… enfin. C’est à cause de lui que je me suis brouillée avec l’Impératrice… Et tout ce qu’il a eu par moi… Dans mon dernier séjour à Compiègne, il m’a demandé trois choses, j’en ai obtenu deux de l’Empereur… Et qu’est-ce que je lui demandais… Je ne lui demandais pas de renoncer à une conviction… je lui demandais de ne pas s’engager dans un traité avec le Temps, et de la part de Rouher,… je lui ai tout offert… Il aurait été à la Liberté avec Girardin, c’était encore possible, c’était de son monde… Mais au Temps, nos ennemis personnels… où tous les jours on nous insulte ! »

Elle s’arrête, puis repart : « Oh ! c’est un mauvais homme… Il y a déjà six mois, j’écrivais à Flaubert : “Je crains que Sainte-Beuve, d’ici à quelque temps,