Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/280

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tions faites avec les nerfs assez bien, et finit en nous disant que la fin n’a pas d’intérêt pour lui, parce qu’il a lu Sainte Thérèse.

L’auteur du Voyage en Italie nous dit cela, d’un ton aigre, nerveux, saccadé, et avec un peu plus de bile qu’à l’ordinaire dans le teint. Voilà notre seul succès. Il faut avouer que notre livre n’est guère gâté jusqu’à présent.

Du reste je ne sais quel mauvais vent de contradiction soufflait, ce soir, dans la causerie et les paroles du salon.

19 février. — Nous allons voir Sainte-Beuve. Nous le trouvons triste de son état, triste de la politique, triste de l’état de la littérature. Il nous dit les hontes de l’Académie abaissée, le tripotage des voix et des coteries, les manigances de Guizot. Il nous conte ce dialogue entre la duchesse de Galliera et Lebrun, que Lebrun répétait avec une indignation et une amertume de vieux lettré.

— Eh bien, monsieur Lebrun, disait la grande dame, au moment où il entrait dans son salon, le premier fauteuil est donné… Oui, à M. d’Haussonville… C’est une chose faite.

— J’ignorais, faisait l’académicien en s’inclinant.

— Pour le second, ce sera sans doute M. de Champagny.

— Ah !

— Et quant au troisième, probablement M. Barbier.