Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/287

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grands et si étendus en tous les sens ! Quelles belles études à faire sur ces trois écrivains de la Révolution, connus seulement de nous : Suleau le journaliste de 1791, Chassagnon, le fou de Lyon, le Saint-Jean à Pathmos de la Terreur, et ce Juvénal en prose du Directoire, Richer-Serizy !

10 mars. — Nous sommes dans la nouvelle salle de la cour d’assises. Des dorures, des tableaux, un plafond reluisant. Partout du confortable et du luxe joyeux et criard. Là les heures d’anxiété sont maintenant sonnées par une pendule d’or… Regardant cela, nous pensions à la Cour d’assises de l’avenir, dont les boiseries seront en bois de rose, les panneaux en pékin peint d’un ton riant, et où il y aura une vitrine de petits saxes, que les gendarmes montreront aux accusés, pendant les suspensions d’audience.

C’est un détournement de mineure, même de deux mineures. Au-dessous du Christ, là-bas au fond, le président, à la voix d’un vieux père noble édenté, dans le silence d’émotion de la salle, ânonne une lettre d’amour, dont il souligne chaque mot pour les jurés, avec une malignité de vieux juge, une sorte de bégayement sinistre, particulier aux gens de justice.

Au banc, entre les gendarmes, quelque chose comme un paquet lamentable, et qui devient, quand le président lui dit de se lever, une petite vieille