Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/286

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plusieurs fois cette grosse erreur de notre livre, en en grossissant, de plus en plus, la faute.

Nous avons eu pitié de l’ignorance du grand critique, avec lequel sans doute nous nous serions fâchés, si nous lui avions dit que, de 1796 à 1830, il y avait eu à peu près une dizaine de traductions en français de divers livres de Kant.

3 mars. — La princesse est aujourd’hui toute charmante, avec des moments comme attendris du plaisir de vous revoir, et en belle veine de causerie… Viollet-le-Duc parle de Mérimée très malade. Il meurt d’une maladie de cœur, et son ami prétend, à l’encontre du jugement de tous, que cette maladie vient de la sensibilité rentrée de l’écrivain, qui était très tendre, sous le masque de l’égoïsme et du cynisme. Il appartenait à cette génération de poseurs et d’hommes, faisant les forts, à la génération de Beyle, de Jacquemont partant pour l’Inde et quittant ses parents avec la légèreté d’adieux d’un départ pour Saint-Cloud.

Une des plus tristes fins du monde, au reste, que la fin de ce comédien de l’insensibilité, claquemuré entre deux vieilles governess, lui rognant le boire et le manger.

— Hélas ! on ne peut être partout, et suffire à tout, les horizons de nos projets de travail sont si