Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/310

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man moderne, à cause du peu de changement des milieux, et sans faire semblant d’entendre nos objections, il va à Paméla, dont le grand intérêt pour lui est dans le changement des mœurs d’alors : la transformation du vieux puritanisme anglais en méthodisme, en accommodement avec les intérêts humains et la pratique de la vie, arrivé le jour, où Wesley a dit que « les Saints devaient avoir des places ». « Paméla, ajoute-t-il en soulignant son mot final d’un sourire, Paméla, un type à la fois de jeune fille et de magister ! »

Nous causons un peu élections. Il nous révèle une chose curieuse : c’est que le peuple ne dit pas la prochaine révolution, il dit la prochaine liquidation. En ce temps de Bourse, la menace du peuple prend à l’argot de l’argent, sa langue.

— Tous ces jours-ci, la vie un enfer. Du côté de nos voisins de droite, jour et nuit, les piaffements d’un cheval, traversant toute notre maison et faisant comme le bruit d’un tonnerre souterrain ; du côté de nos voisins de gauche, depuis sept heures du matin jusqu’à neuf heures du soir, la criaillerie pénétrante, hurlante, torturante, de trois petites filles nous chassant de notre salon, de notre jardin, de tout le frais de notre maison. Malades comme nous le sommes en ce moment, gastralgiques, anémiques, insomnieux, nous succombons au supplice de notre existence.

Nous arrivons à croire que nous sommes mau-