Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/321

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ma figure, de la pudeur que j’avais à être malade chez les autres, nous disant mille choses aimables, coquettes, trouvées avec le cœur.

Elle ne veut pas nous laisser partir ce soir, où il pleut, et le lendemain, au matin, lorsque j’étais encore au lit, elle m’envoie par Eugène un charmant billet au crayon, dans lequel, me demandant de mes nouvelles, elle me presse de m’installer à Catinat et d’amener ma Pélagie.

20 août. — Il vient ici, ce soir, un monsieur, qui, pour premières paroles, dit à la princesse : « Rien n’est plus ennuyeux que d’être aimé ! » Et comme une voix lui jette : « Vous vous exposez à ne pas l’être ici ! » il répond : « Je l’espère bien ! » Cela est dit non avec un sourire, une grâce de parole, une légèreté de paradoxe : c’est formulé en axiome dur, tranchant, absolu. Le monsieur est Rivière, l’officier de marine, l’auteur du remarquable roman de Pierrot et Caïn, qui semble vouloir étonner le monde par des brutalités d’esprit, sans le je ne sais quoi, qui les fait passer.

Mercredi 25 août. — … Hier, lors d’une discussion soulevée à propos de Franck de l’Institut, la princesse m’avait dit une dureté sur mon mal de foie. Ce matin à déjeuner, encore un peu blessé, comme l’éloge de Franck était encore dans sa bouche, il m’échappe,