Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/341

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il n’en retrouvait plus l’orthographe. Il est arrivé à ne distinguer que difficilement les poids avec lesquels il fait de la gymnastique, à ne reconnaître qu’avec un effort, les gros des moyens, les moyens des petits.

Et malgré tout, la faculté d’observation persiste en lui, et, de temps en temps, il me surprend par une notation, une remarque de romancier.

Un mystère, un mystère incompréhensible, insondable, que dans cet atrophiement du cerveau, la résistance, la survie de certaines facultés, de certaines puissances de l’entendement, un mystère que cette échappée de mots, de réflexions, de choses vives ou profondes, jaillissant à travers cette léthargie qu’on penserait universelle, un mystère qui vous retire à tout moment de votre désespérance et vous fait dire : « Mais cependant ? »

L’attention, cette prise de possession intelligentielle de ce qui se passe autour de vous, cette opération si simple, si facile, si alerte, si inconsciente dans la santé des facultés cérébrales, l’attention, il n’en est plus le maître. Il lui faut pour l’exercer, un énorme effort, une contention qui fait saillir les veines de son front, et le laisse brisé de fatigue.

Dans cette figure aimée, où il y avait l’intelli-