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— Quand la nature veut faire la volonté chez un homme, elle lui donne le tempérament de la volonté : elle le fait bilieux, elle l’arme de la dent, de l’estomac, de l’appareil dévorant de la nutrition, qui ne laisse pas chômer un instant l’activité de la machine ; et sur cette prédominance du système nutritif, elle bâtit au-dedans de cet homme un positivisme inébranlable aux secousses d’imagination du nerveux, aux chocs de la passion du sanguin.

— Il me semble voir dans une pharmacie homéopathique le protestantisme de la médecine.

9 avril. — Chez Magny.

Aujourd’hui Taine parle, d’une manière très intéressante, de longues heures de sa jeunesse, passées dans une chambre où il y avait un cent de fagots, un squelette recouvert d’une lustrine, une armoire pour serrer les vêtements, un lit, deux chaises. C’était la chambre d’un ami, d’un élève en médecine, d’un interne d’hôpital d’enfants, lequel s’était voué à des recherches remontant des enfants aux familles, un homme du plus grand avenir, mort à Montpellier à vingt-cinq ans.

Là, dans cette chambre et d’autres pareilles, Taine dit que les plus hautes questions, des questions encore plus révolutionnaires que celles agitées ici, étaient discutées avec une énergie, une audace, une violence,