Page:Goncourt - Journal, t3, 1888.djvu/66

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du jardin, au milieu des criailleries de la récréation d’une pension de petits enfants d’à côté, tous trois, à cheval, sur le mur de la terrasse du jardin, nous causons, tout en fumant, de mille choses, du dernier livre de Hugo, duquel Gautier déclare ne pouvoir dire ni bien ni mal, cela lui paraissant n’être pas un produit humain, mais quelque chose de fabriqué par un élément : les œuvres de Polyphème. Puis il est question des dîners de Boissard, du modèle Marix, de la Présidente, de Mosselmann, son amant, qui pour un homme d’argent n’était pas si bête. C’était lui qui disait dernièrement à un architecte religieux : « Combien coûtera décidément votre église… toute finie, hostie en gueule ? »

— Une chose bizarre, c’est qu’avec la Révolution, avec la diminution de l’autorité monarchique dans toute l’Europe, avec la pesée du peuple dans les choses gouvernementales, le règne des masses enfin, jamais il n’y a eu de plus grands exemples de l’influence omnipotente, du despotisme des volontés d’un seul. Voir Napoléon III et Bismarck.

10 juillet. — Été voir à l’Isle-Adam la belle et curieuse collection de paysages modernes du carrossier Binder.

Un homme aux favoris, à la large face, aux lèvres minces d’un fermier anglais, avec, derrière lui,