Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/183

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Simon, dont il raconte ce qu’il appelle sa volte-face du serment, et moque le grossier charlatanisme de ses conférences, me demandant, du coin de l’œil, mon sentiment. Et je lui réponds que je ne connais pas Jules Simon, que j’ignore absolument sa vie, et que cependant j’ai bêtement de la défiance, rien qu’à cause de tous les livres moraux qu’il a écrits : le Devoir, l’Ouvrière, etc. Pour moi, c’est l’exploitation visible de l’honnêteté sentimentale du public, et j’ajoute que parmi les gens littéraires auxquels j’ai été mêlé dans la vie, je ne connais qu’un homme tout à fait pur, dans le sens le plus élevé du mot, c’est Flaubert, — qui, on le sait, a l’habitude d’écrire des livres prétendus immoraux.

Là-dessus, quelqu’un compare Jules Simon à Cousin, et c’est l’occasion pour Renan de faire l’éloge du ministre — très bien, — du philosophe — je m’abstiens pour cause, — mais encore du littérateur et de le proclamer le premier écrivain du siècle. — Nom de Dieu !

Cette opinion nous insurge, Saint-Victor et moi, et cela amène une discussion et la remise sur le tapis de la thèse favorite de Renan, qu’on n’écrit plus, que la langue doit se renfermer dans le vocabulaire du XVIIe siècle, que lorsqu’on a le bonheur d’avoir une langue classique, il faut s’y tenir, que justement dans l’instant présent, il faut se rattacher à la langue qui a fait la conquête de l’Europe, — qu’il faut là, et seulement là, chercher le prototype de notre style.

On lui crie, mais de quelle langue du XVIIe siècle