Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/345

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Presque au même instant, fait explosion, comme un bruit violent enfermé dans des murs, une fusillade ayant quelque chose de la mécanique réglée d’une mitrailleuse. Il y a un premier, un second, un troisième, un quatrième, un cinquième rrara homicide — puis un grand intervalle — et encore un sixième, et encore deux roulements précipités l’un sur l’autre.

Ce bruit ne semble jamais finir. Enfin ça se tait. Chez tous, il y a un soulagement, et l’on respire, quand éclate un coup fracassant qui remue, sur ses gonds ébranlés, la porte disjointe de la caserne, puis un autre, puis enfin le dernier. Ce sont, dit-on, les coups de grâce donnés par un sergent de ville à ceux qui ne sont pas morts.

À ce moment, ainsi qu’une troupe d’hommes ivres, sort de la porte le peloton d’exécution, avec du sang au bout de quelques-unes de ses baïonnettes. Et pendant que deux fourgons fermés entrent dans la cour, se glisse dehors un ecclésiastique, dont on voit, un certain temps, le long du mur extérieur de la caserne, le dos maigre, le parapluie, les jambes molles à marcher.

Lundi 29 mai. — Je lis, affichée sur les murs, la proclamation de Mac Mahon, annonçant que tout était fini hier, à quatre heures.

Ce soir, on commence à entendre le mouvement de la vie parisienne qui renaît, et son murmure res-