Page:Goncourt - Journal, t4, 1892.djvu/84

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me dit : « Je vous remercie de votre bon cœur ; je n’ai pas besoin, je suis seulement chagrine ! » Et ces douces et tristes paroles me font chercher l’inconnu tragique, qu’enferme silencieusement, en elle, cette vieille exilée des champs.

Nous sommes seulement cinq chez Brébant. Il est question de l’intérieur aristophanesque du gouvernement de la Défense nationale, d’Arago que Saint-Victor appelle un vrai Pantalon de la Comédie italienne, de Mahias, de Gagneur, de… On parle de la publication de la Correspondance de l’Empereur. On est froissé du peu de gravité, du peu de tenue, du peu comme il faut, qui préside à ce travail, et qu’on fait avec des titres spirituels, comme si on voulait faire de la copie pour le Figaro… Nefftzer apporte toujours le même noir ironique, le même doute à l’endroit de ce qu’on pourra faire pour se sauver. Par moments, au rire méphistophélique par lequel il a l’habitude d’annoncer les plus rares désastres, on se demande quel diable d’homme c’est, tant il parle de ces choses avec une indifférence sceptique, gouailleuse.

Mercredi 5 octobre. — Aux environs du boulevard Exelmans, en ces petits bouquets de bois, soudainement nés et sortis de l’abatage des palissades de séparation, brûlées par les mobiles, dans un vif coup de soleil, c’est charmant, ces restaurants en plein air, sous les noisetiers roux. Les détails sont