Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/171

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bouiller. Une feuille couverte, elle passe à une autre, puis à une autre, inventant les ficelles les plus extraordinaires pour faire des éclaboussures épatantes.

Toute heureuse de cochonner, elle fait cracher, sur le papier, sur sa robe de cachemire blanc, le carmin et la cendre verte. Et comme je lui raconte la manière dont les peintres décorateurs font les veines du bois, je lui vois arracher son peigne de son chignon, et de son peigne faire des stries sur son coloriage.

Elle est toute éveillée, ne s’occupant pas de l’heure que marque la pendule, et coloriant et marbrant avec l’appassionnement fièvreux du plaisir de l’enfance.

Samedi 7 novembre. — C’est le jour où Giraud et les intimes de la maison viennent déjeuner. Ce petit monde dîne, couche, et ne repart que par le train de dix heures, du dimanche soir.

Autour de la table, il y a ce matin, Jalabert, Philippe Rousseau, au noir de la physionomie auréolé du blanc de ses cheveux. Parmi les femmes c’est Mme Guyon, l’actrice à moustaches, l’excellente femme, qui a l’air d’une garde-malade rébarbative.

Dimanche 8 novembre. — Des promenades courantes, au milieu de causeries violentes, tout-à-coup interrompues par « Dick, Dick, Dick ! »