Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/172

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C’est la princesse qui se retourne, et rassemble toute sa meute de petits chiens : Mie, la petite chienne paralysée, Nina, la chienne gymnaste, Miss l’impotente : hippopotamesque petit animal, — et enfin Dick, abruti par les grandeurs, et qui se perd toutes les cinq minutes.

Lundi 9 novembre. — … La causerie d’après déjeuner s’assoupit peu à peu, on parcourt les journaux.

Enfin il est deux heures, la princesse se met à sa table, et commence mon portrait. Peu à peu le silence se fait dans l’atelier. L’on n’entend plus que le bruit de l’effacement du morceau de gomme élastique du général Chauchard, le bruit de la taille du crayon de Popelin, le bruit du coucou, les gloussements des petits chiens, les rires étouffés des demoiselles, ainsi que dans le coin d’une classe. La princesse travaille appliquée, absorbée.

De temps en temps, la tête de diable du vieux Giraud apparaît derrière l’épaule ou le gant de Suède de la princesse, et jette « le nez d’un dessin plus fin… le collet n’a pas d’épaisseur ». Et aussitôt il disparaît, et retourne aquareller, à sa place, des costumes de fantaisie pour La Haine de Sardou.

La princesse travaille toujours. Le jour baisse, elle continue.

Enfin la séance est levée. La princesse se rejette de suite, sans prendre une minute de repos, à sa brode-