Page:Goncourt - Journal, t5, 1891.djvu/353

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toute particulière, et que Zola fera fausse route, s’il ne veut pas admettre cette couleur, cette chose qualitative… Il affirme que l’amour produit chez l’homme, un effet que ne produit aucun autre sentiment… que c’est chez l’être véritablement amoureux, comme si on retranchait sa personne…

Il parle d’une pesanteur au cœur qui n’a rien d’humain… Il parle des yeux de la première femme qu’il a aimée comme d’une chose tout à fait immatérielle… et qui n’a rien à faire avec la matérialité.

Dans tout ceci, il y a un malheur, c’est que ni Flaubert, en dépit de l’exagération de son verbe en ces matières, ni Zola, ni moi, n’avons été jamais très sérieusement amoureux, et que nous sommes incapables de peindre l’amour. Il n’y aurait que Tourguéneff pour le faire ; mais il lui manque justement le sens critique, que nous aurions pu y mettre, si nous avions été amoureux à son image.

Dimanche 13 mai. — Nulle part comme au Japon, la vénération de la création et de la créature, quelque infime qu’elle soit. Nulle part ce regard religieusement amoureux de la petite bestiole, et qui la recréée avec l’art, dans son rien microscopique.

――――――― Bien bizarre chez moi, cette attirance d’un milieu d’art, et qui me pousse à venir