Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/146

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Mardi 22 juin. — Renan, qui pendant tout le dîner, a gardé un silence comme maladif, se met au dessert, à manger du Bossuet, sa bête noire, Bossuet chez lequel il ne trouve que de la faconde, et auquel il reproche de n’avoir pas conçu son Histoire universelle, à l’allemande.

À ce moment, arrivent les sénateurs qui viennent de voter l’expulsion des princes, l’air assez penaud, et comme honteux de cette expulsion. Ribot assure qu’au fond Grévy doit être très content, qu’il détestait les d’Orléans, et que la dernière fois qu’il l’avait vu, il lui avait dit : « Les d’Orléans ressemblent à des gens qu’on a invités à dîner et qui font des choses pas convenables, qui se conduisent à table, comme des gens mal élevés. »

Mardi 29 juin. — Dépêche de Daudet qui m’annonce la naissance d’une petite Edmée.

Ce soir, je me traîne, comme je peux, chez les Daudet. Daudet me dit que les couches ont été affreuses, que la pauvre femme a été entourée des affres de la mort. Il parle du cerveau de sa femme, comme vu à jour pendant le délire du chloroforme, et des hautes choses qui en sont sorties, et qui étonnaient l’accoucheur, n’ayant jamais rencontré chez ses accouchées, un cerveau pareil.

Jeudi 1er juillet. — Magnard m’apprend que,