Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/151

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Il nous donne ensuite des détails sur sa captivité, sur ces sept jours entiers passés, sans qu’on délivrât de vivres à l’armée captive, qui n’eut pour vivre que quelques pommes de terre oubliées. Et ils se trouvèrent avoir si faim, qu’un jour, lui et un autre officier avaient tué, à coups de couteau un cheval, et lui avaient arraché le foie pour le manger. Il raconte enfin qu’une nuit, ils avaient été attaqués par des soldats, mourant de faim comme eux, et qui les soupçonnaient d’avoir du pain, et le lendemain, Riffaut voyait son sabre tout rouge de sang.

Vendredi 20 août. — Le petit Houssaye, en dînant, ce soir, avec moi aux Ambassadeurs, constatait, avec une certaine amertume, l’amoindrissement de la gloire de Théophile Gautier, en train de disparaître sous la gloire de Flaubert.

Jeudi 26 août. — Nous causons avec du Boisgobey, de la femme orientale, et du point d’honneur qu’elle mettait dans l’amour, à ne point paraître prendre de plaisir, à n’apporter qu’un corps inerte à son seigneur et maître. En effet, la phrase arabe dont elle se sert pour désigner la femme qui jouit : « Elle a un ver dans le derrière ! » est une phrase renfermant un mépris, dont on ne peut donner l’idée.