Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/325

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gent, pour le rachat de la conscription, elle dit bien et d’une voix tellement remuant les entrailles : « Pas plus que l’autre, pauvre ami… pas plus que l’autre !… » Et la jolie trouvaille, qu’elle a faite dans la scène de l’hôpital, de cette toux, qu’elle a seulement, quand elle parle de choses d’amour.

Une location frénétique. Des députés, me dit Porel, en le quittant, ont loué une grande avant-scène ; ils veulent assister à cette émeute littéraire.

Mercredi 19 décembre. — Hier à l’Odéon Gouzien me parlait de la mauvaise humeur, causée chez les journalistes, par la suppression de la répétition générale. Ce matin cette mauvaise humeur transperce dans les journaux.

Toute la matinée et l’après-midi, je travaille à finir la pétition à la Chambre des députés, un morceau que j’ai écrit avec mes nerfs, et que je crois un des bons morceaux que j’ai écrits.

Bon ! à la sortie de chez moi, un brouillard qui me fait craindre, que les voitures ne puissent pas circuler, ce soir. Pour tuer l’avant-dîner, je vais chez Bing, où je ne peux m’empêcher de quitter de l’œil les images, que Lévy me montre, et de me promener d’un bout de la pièce à l’autre, en parlant de ce soir.

Et aussitôt dîner, dans l’avant-scène de Porel avec les Daudet, moi, tout au fond, et invisible de telle manière, que Scholl, qui vient parler avec