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Vendredi 21 décembre. — Aimable visite de Réjane, toute riante, toute joyeuse, qui me plaint de n’avoir pas assisté à la représentation d’hier, à cette seconde, où la pièce s’est complètement relevée, et me disant gentiment, que si elle a un succès, elle le doit à la prose qui est sous son jeu, sous sa parole.

Elle me conte que Derembourg, le directeur des Menus-Plaisirs, lui a confié, que la veille de la première, il dînait dans une maison, qu’il n’a pas voulu nommer, où on avait dit : « Il ne faut pas que la pièce finisse demain. »

Et revenant aux applaudissements, aux rappels d’hier, elle m’avoue que, dans la fièvre de bonheur qu’ils avaient Porel et elle, ils ont été souper, ainsi que deux collégiens, et que dans le fiacre, Porel ne cessait de répéter : « 2,500 francs de location aujourd’hui… après la presse de ce matin… je ne me suis donc pas trompé… je ne suis donc pas une foutue bête ! »

Samedi 22 décembre. — Passé, après dîner, à l’Odéon, où à mon entrée, Émile m’annonce que la salle est pleine d’un monde chic. Réjane qui vient de jouer le tableau des fortifications est rappelée, et applaudie à tout rompre… Je me sauve, de peur que ça se gâte.

Lundi 24 décembre. — J’ai peur d’hier, j’ai peur