Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/50

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est plaquée dans un affaissement douloureux contre la paroi de la baignoire, s’écrie dans un ressaut violent : « Je vais me coucher, ça me fait trop mal d’être ici ! » Mais Dieu merci, voilà qu’au troisième acte, la pièce se relève, et que la qualité de la pièce et le jeu de Tessandier, font éclater les applaudissements dans les derniers tableaux.

Mercredi 6 mai. — Dîner d’Henriette Maréchal, avec les ménages Daudet, Zola, Charpentier, Frantz Jourdain, et Huysmans, et Céard, et Geffroy. Nous dînons dans cette salle, où du temps du vieux Magny, je dînais avec Gautier, Sainte-Beuve, Gavarni, cette salle où il a été dit des choses si éloquentes, si originales. Zola se livre à une sortie contre les hommes politiques, qu’il déclare nos ennemis, et je pense absolument comme lui.

Mardi 12 mai. — Dîner chez Daudet, avec Barbey d’Aurevilly, que je vois, pour la première fois, familièrement. Il est vêtu d’une redingote à jupe, qui lui fait des hanches, comme s’il avait une crinoline, et porte un pantalon de laine blanche, qui semble un caleçon de molleton à sous-pieds. Sous ce costume ridicule, un monsieur, aux excellentes manières, à la parole flûtée d’un homme qui a l’habitude de parler