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aux femmes, et dont le manque de dents rappelle, parfois, l’intonation gutturale, mais en mineure, de Frédérick-Lemaître.

Il parle de la Bague d’Annibal, qu’il appelle son premier vagissement, et dit, avec une nuance d’ironie, qu’il a paru sous les auspices de Montépin, que c’est à Montépin, qu’il a dû de trouver son premier éditeur : « Oui, Cadot, le célèbre Cadot, que Montépin m’a annoncé vouloir m’éditer dans cette phrase : “Il vous prendra mais ne vous payera pas.” » Puis il saute aux Diaboliques, prétendant que la poursuite a eu lieu à l’instigation de la duchesse de Mac Mahon, de son petit cercle dévot, d’une de ses jeunes amies, dont il avait éreinté un livre.

Il mange excessivement peu, boit pas mal de vin, et au café, en tendant sa tasse à moitié vidée, à Daudet, qui tient le carafon de cognac, jette : « Vous savez, remplissez-moi ma tasse, tout comme la tasse d’un curé bas-breton ! »

Il nous entretient alors de son peu de besoin de sommeil, de son plaisir à veiller, qui lui permet de travailler, et le délivre de rêves affreux, de rêves atroces… « De rêves d’alcoolisé, » lance Daudet en riant. « Oh ! riposte Barbey, je ne bois qu’avec des amis. » Et Daudet et Barbey se remémorent des beuveries de Champagne, en plein jour, en pleine rue, dans l’étonnement des passants.

Je lui demande ce qu’il fait dans le moment, il me répond qu’il écrit un roman, et un Traité de la Princesse, un livre donnant à la femme le moyen