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pouvaient en débiter, que tout le lait de Paris, était du lait produit par des vaches enfermées et phtisiques, que tout le poisson était conservé avec du salicylate, très bon conservateur des produits alimentaires, mais mortel pour le cerveau et les reins de la population parisienne, que, que… enfin tous les que, dont un Parisien se doute un peu, sans pouvoir les préciser comme un chimiste.

À la fin Berthelot, que cet étonnement amusait comme moi, au moment, où la cotisation du dîner avait été réunie sur une assiette, lui a crié : « Sonnez donc, parce qu’on ne sait pas dans dix minutes… » Et le candide dîneur s’est jeté sur la sonnette.

Vendredi 24 juillet. — La perfection de l’art, c’est le dosage dans une proportion juste du réel et de l’imaginé. Au commencement de ma carrière littéraire j’avais une prédilection pour l’imaginé. Plus tard je suis devenu amoureux exclusif de la réalité et du d’après nature. Maintenant je demeure fidèle à la réalité, mais en la présentant quelquefois, sous une certaine projection de jour, qui la modifie, la poétise, la teinte de fantastique.

Lundi 27 juillet. — Départ pour passer quinze jours à Champrosay, chez les Daudet.