Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/153

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mes religioso-guerriers de Wagner, cet endosseur en rêve de la blanche armure de Parsifal, avec ses nuits sans sommeil, son activité maladive, la fièvre de son cerveau, m’apparaît comme un souverain bien inquiétant dans l’avenir.

Lundi 24 mars. — Au fond, les financiers ne sont que des voleurs, mais des voleurs qui ont acheté près du gouvernement le droit de voler.

Vendredi 28 mars. — Dîner des Spartiates. On parle des usuriers, qui sont pour la plupart des valets de chambre de grandes maisons, et un joueur de la société affirme qu’il n’y en a plus, que lui et ses amis les ont ruinés, et qu’à l’heure qu’il est, un homme qui fait dans la nuit une perte au jeu de dix mille francs, ne peut pas trouver à se les faire prêter. Et c’est pour lui, l’occasion de parler de la partie du Cercle impérial, du temps où on pouvait dire qu’une chaise, pendant une heure, coûtait trente mille francs. Puis on cause de l’insurrection probable, que soulèvera en Algérie le droit de suffrage, donné par Crémieux aux israélites de là-bas, et l’Afrique amène le comte Borelli à nous entretenir de la Légion étrangère.

Il est intéressant sur l’anonymat des enrôlés de cette légion, dont la patrie, le nom, les antécédents