Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/167

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phrase de ce dernier : « Tu sais, tu es hors la loi, mais il y a une maison, où je t’offre l’hospitalité, et où tu seras en sûreté : c’est le Ministère de la Justice ! »

Royer-Collard préféra se retirer dans sa maison de famille, une façon de ferme près de Vitry-le-François, exploitée par sa mère, et là il passa tout le temps de la Terreur. Sa mère, une janséniste, était tellement respectée, que pendant la Terreur, tous les dimanches, elle faisait ouvrir la grande pièce de réception de la maison, où il y avait un christ accroché au mur, et un livre de messe à la main, elle lisait tout haut la messe aux paysans agenouillés. Vingt fois Royer-Collard fut décrété de prise de corps, et toutes les fois, elle fut avertie de l’arrestation qui devait se faire de son fils.

Gavarret parle d’un discours sur Voltaire, que devait prononcer Royer-Collard à l’Académie, et que lui seul et M. de Barante ont entendu : Royer-Collard étant souffrant et ne pouvant se rendre à l’Académie. On saura que ses discours à la Chambre, Royer-Collard les lisait tout écrits d’avance, mais pour ses discours à l’Académie, il jetait sur une feuille de papier quelques notes, et improvisait dessus une causerie plutôt qu’un discours. Il dit donc à Gavarret : « Donnez-moi la feuille de papier qui est dans ce tiroir », et pour ses deux auditeurs il parla son discours à l’Académie, finissant par dire qu’il comprenait qu’on commandât une étude sur Voltaire, mais qu’un éloge dudit,