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Becker ; qui va de l’étouffement des canards, à l’écriture des asthmatiques, reconnaissable aux petits points dont elle est semée, et faits par les tombées de la plume, pendant les étouffements de l’écrivain : causerie à bâtons rompus, dont les causeurs verveux sont, le jeune rédacteur du Nouvelliste, l’auteur d’Un ménage d’artiste, joué au Théâtre-Libre, et le notaire penseur, l’auteur du Testament d’un moderne.

Samedi 29 novembre. — Ce soir, à dix heures, lecture chez Antoine de la Fille Élisa, qu’Ajalbert lit très bien, et qui met vraiment une grande émotion au cœur du monde, qui se trouve là. C’est Antoine qui fait l’avocat, Janvier, ce jeune acteur plein de talent qui fait le pioupiou mystique, et une Hongroise tombée à Paris, et qui n’a joué que du Shakespeare, qui fait la fille Élisa.

Vendredi 5 décembre. — Pélagie me parlait ce matin d’une pauvre famille bourgeoise d’ici, de la famille d’un inspecteur des eaux, dont la fille aînée mourante, après avoir vu mourir de la poitrine trois de ses frères et sœurs, disait à sa mère, lui parlant du jour de sa mort : « Tu seras aussi morte que moi, ce jour-là… oui, tu ne sauras, où donner de la tête ! » Et elle se mettait à lui préparer les lettres de faire-part, qu’elle aurait à envoyer.

Pélagie ajoutait que la mère, à force d’avoir pleuré