Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/198

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dans sa vie, avait les yeux d’un violet particulier, d’un violet ressemblant à certaines petites figues du Midi.

Lundi 8 décembre. — Grand étonnement ce matin. Je disais hier à Daudet : « Je ferais appel aux souvenirs de tous les dîneurs de Magny, que j’ai la conviction que tous, en se disant entre eux à voix basse : ce que Goncourt rapporte des propos de Renan, est de la pure sténographie, — déclareraient tout haut que Renan n’a pas dit un mot de ce que j’ai imprimé ! » Et voici que, ce matin, d’un interview avec Berthelot, l’ami intime de Renan, il résulte pour les gens qui savent lire entre les lignes, que je n’ai pas menti tant que cela. Et je lis dans le Figaro, un article de Magnard, qui, en blâmant indulgemment mes indiscrétions, déclare que mon Journal sue l’authenticité.

Dans ces luttes intellectuelles qui vous retirent de la tranquillité de la vie bourgeoise, qui vous tiennent dans un état d’activité cérébrale combative, il doit y avoir quelque chose de la griserie dans une vraie bataille.

Jeudi 11 décembre. — Le patinage sur le lac du Bois de Boulogne, au crépuscule.

Un ciel comme teinté du rose d’un incendie loin-