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tain, des arbres ressemblant à d’immenses feuilles de polypiers violets, une glace mate, de couleur neutre, sans brillant. Là-dessus, élégamment déverticalisés dans des penchements sur le côté, les silhouettes des noirs patineurs.

Un peintre a rendu merveilleusement ce ciel, ces arbres, cette glace, ces patineurs : c’est Jongkind.

Jeudi 18 décembre.

Chambre étrange : on eût dit qu’elle avait un secret
D’une chose très triste et dont elle était lasse,
D’avoir vu le mystère en fuite dans la glace.

Ces trois vers de Rodenbach, me font parler de la terreur, qu’a des glaces Francis Poictevin, terreur que Daudet veut qu’il ait empruntée à Baudelaire, qui l’aurait empruntée à Poe. Là-dessus Rodenbach rappelle une tradition populaire, qui veut que le diable y fasse parfois voir son visage. L’un de nous se demande rêveusement, si les morts n’y laissent pas de leur image, revenant à de certaines heures. Et Daudet compare la vie vivante de cette chose silencieuse, au silence vivant des étoiles de Pascal.

Vendredi 19 décembre. — J’ai lu ces jours-ci, que l’Écho de Paris est interdit en Allemagne. Cette in-