Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/213

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Autriche, il avait été fait prisonnier, et envoyé sur la frontière de la Turquie, et que jamais il n’avait été plus heureux, que le vin y était excellent, et qu’on avait, tant qu’on voulait, des femmes charmantes.

Lundi 19 janvier. — C’est typique, ces femmes scandinaves, ces femmes d’Ibsen, c’est un mélange de naïveté de nature, de sophistique de l’esprit, et de perversité du cœur.

J’étais en train d’écrire, que je craignais la réponse de la censure, quand on m’apporte une dépêche d’Ajalbert, m’annonçant que la Fille Élisa était interdite : « Vraiment dans la vie, je ne suis pas l’homme des choses qui réussissent ! »

Mardi 20 janvier. — Ajalbert m’arrive, la mine consternée. Il me représente la première, s’annonçant comme un succès, il me parle de 140 fauteuils d’orchestre déjà loués hier, puis il me peint la désolation des femmes jouant dans la pièce, la désolation de cette pauvre Nau, qui n’était pas venue à la première répétition, et à laquelle on annonçait dans le décor de la Fille Élisa, que c’était la Mort du duc d’Enghien qu’on allait y répéter.

Ah ! le théâtre, c’est vraiment trop une boîte à