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émotions, et une succession de courants d’espérance et de désespérance par trop homicide. Voici, après dîner, mon deuil fait de l’interdiction, une dépêche d’Antoine m’annonçant qu’il m’apportera une grande nouvelle dans la soirée.

Au fond, je crois que la nouvelle ne viendra pas, et que je veille pour rien.

Jeudi 22 janvier. — Après les hauts et les bas d’espérance et de désespérance de ces jours-ci, je reçois une lettre d’Ajalbert, m’écrivant que Bourgeois, le ministre de l’Intérieur, oppose un refus formel à la levée de l’interdiction, et que Millerand doit l’interpeller samedi. Et dans son interpellation, il doit lire le passage du livre sur la prostitution de Yves Guyot, faisant l’éloge de la Fille Élisa, — et cet Yves Guyot, est ministre de quelque chose dans le ministère actuel.

Vendredi 23 janvier. — Ici, je retrouve Sarcey tout entier : après avoir fait un assez bénin compte rendu de la Fille Élisa, le voilà rédigeant l’article le plus éreinteur de la pièce, pour noblement fournir au ministre et à la censure, des armes pour l’interdiction. Ah la belle âme !

Aujourd’hui, où je sais un interviewer à la can-