Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/215

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tonade, je jette rapidement sur le papier les idées que je veux développer.

L’interviewer. — Ça vous a étonné cette interdiction ?

Moi. — Non… et cependant, tenez… sous un régime monarchique c’était logique, mais sous un gouvernement républicain, l’ironie de la chose est vraiment amusante pour un sceptique… Mais examinons de haut la question… Nous avons comme président, un président qui peut être un parfait honnête homme, mais qui est la personnification du néant, et qui n’a dû sa nomination qu’à la constatation par tous de ce néant, et par là-dessus c’est un président très pudibard… Maintenant nous avons une Chambre qui est la représentation de la médiocratie intellectuelle de la province… car à l’heure qu’il est, Paris est sous le joug de l’obscurantisme des prétendus grands hommes de chefs-lieux… Autrefois, du temps où il y avait plus de Parisiens à la Chambre, il y en avait certes de médiocres dans le nombre, mais le Parisien médiocre ressemble un peu à nos jeunes gens sans grande intelligence de la diplomatie, qui au bout d’un certain nombre d’années, par la fréquentation de l’humanité supérieure des grandes capitales où ils passent, ont dépouillé quelque chose de leur médiocrité.

Or, ce monsieur du pouvoir exécutif, et ces médiocrates de province, ont le chauvinisme de la tragédie, du personnage noble. Mais comme l’intérêt est passé des Empereurs, des Rois de l’antiquité, aux