Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jouer sa dernière carte sur la Patrie en danger, et tenté l’aventure d’opposer une pièce à Thermidor.

Mardi 3 mars. — Dîner d’hommes politiques chez Charpentier.

Constans raconte sur son séjour en Chine, des choses assez curieuses. Je me rappelle cette anecdote. Son cocher ayant insulté le marquis Tseng, eut le choix entre une amende ridicule et cinquante coups de bambou. En sa qualité d’humain exotique, dénué de système nerveux, il préféra les coups de bambou.

La pensée de Constans est que la Cochinchine, bien administrée, rapporterait dans quelques années cent millions ; mais il nous donne connaissance de mesures extraordinaires, d’ordres imbéciles venus de Paris, et imposés par des tout-puissants du ministère, ne se doutant pas ce que c’est un pays de là-bas.

Constans méridional, Floquet méridional, Daudet méridional, le musicien Chabrier, qui dînait, méridional… Ah ! ce pauvre Nord est-il battu en ce moment par le Midi !

Dimanche 8 mars. — Daudet me confiait qu’il avait cherché ces jours-ci à retrouver dans sa mémoire son enfance, et que la légende qui faisait de lui, à cette