Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/226

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époque, un catholique fervent, était une légende. C’était, disait-il, le coquet surplis avec lequel il servait la messe, l’élégante calotte qu’il avait sur ses cheveux bouclés, les compliments sur sa charmante petite personne, les louanges sur sa jolie voix de ténorino, qui lui donnaient l’air d’un enfant confit en dévotion.

Mardi 10 mars. — Hayashi m’apporte aujourd’hui une traduction des passages importants des Maisons Vertes d’Outamaro.

Je lui parle des biographies, avec lesquelles je voudrais faire mon art japonais du XVIIIe siècle, lui citant les noms de Ritzouo et de Gakutei.

De Ritzouo, il me raconte ceci. Il a débuté en vendant, sur le pont de Riôgoku (le Pont Neuf de la Soumida à Yedo) des bouts de bois ornementés, mais d’une ornementation très économique, parce qu’il manquait absolument d’argent. Et en même temps il faisait des dessins en plein air. Un jour qu’il avait sa petite exposition devant lui, passait le prince de Tsugarou, qui regardait l’étalage, et lui disait d’envoyer chez lui tous ses morceaux de bois. Et il travaillait un temps pour le prince, ornant alors ses travaux de bois, de belles et riches matières, et en faisant de somptueux objets d’art que collectionnait le prince, et dont il faisait cadeau aux daïmio, ses amis. Et le prince le prenait en telle affection, qu’il voulait en