Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/241

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nait son rôle, et c’étaient des heu, heu, à la fin de quoi elle s’écriait : « Ça y est… ça y est ! » absolument comme une petite fille expédie son catéchisme. C’était pour lui une désillusion sur la grande artiste, et en sortant, il jetait à Dumas : « Je ne vous remercie pas ! »

Il a été témoin de ce fait. Un jour que Dumas l’avait fait appeler, se croyant souffrant, et qu’il était au lit, on introduisait un pauvre journaliste nécessiteux de Marseille, qui venait lui demander des recommandations pour des journaux de Paris. Il lui promettait quand il serait levé, ajoutant : « Mais en attendant que ça réussisse, il faut vivre, n’est-ce pas, Monsieur ? Eh bien, il y a trente francs sur la cheminée, prenez-en quinze. »

Jeudi 23 avril. — J’ai dans mon bassin, un petit poisson malade, que tous les autres viennent, à deux ou trois, faire chavirer sur le côté, et enfoncent férocement au fond de l’eau, lui faisant une agonie abominable. Je l’ai retiré pour qu’il mourût en paix dans un bain de pied. La mise à mort du malade, ce n’est donc pas seulement chez les poules, c’est chez tous les animaux, et encore chez le sauvage, et un peu chez le paysan.

Ce soir, je causais avec Carrière, et comme il me parlait de l’importance de l’enveloppe des contours d’une figure, à ce propos je lui disais la place