Page:Goncourt - Journal, t8, 1895.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gardait à cette dépense. Puis, trouvant le manteau à son gré, elle le gardait, disant à la propriétaire du manteau, que pour la dédommager du prêt, elle prît la petite table qui était là, et que sa belle-fille trouvait jolie. Or, cette petite table serait le plus merveilleux meuble, comme bronze ciselé du XVIIIe siècle, et appartiendrait aujourd’hui à la comtesse de Beaumont.

Montesquiou, disons-le bien haut, n’est point du tout, le des Esseintes de Huysmans, s’il y a chez lui un coin de toquage, le monsieur n’est jamais caricatural, et s’en sauve toujours par la distinction. Quant à sa conversation, sauf un peu de maniérisme dans l’expression, elle est pleine d’observations aiguës, de remarques délicates, d’aperçus originaux, de trouvailles de jolies phrases, et que souvent il termine, il achève par des sourires de l’œil, par des gestes nerveux du bout des doigts.

— Qu’est-ce que vous dites, monsieur de Goncourt, de la surprise qui m’arrive ? me jette la comtesse Greffulhe.

Et elle nous raconte ceci. À propos d’un bal, où elle devait aller en Diane, on lui a parlé d’un buste de Diane de Houdon, que possédait un de ses voisins de campagne, où elle trouverait sa coiffure. Elle va voir ledit buste, placé au milieu d’une chambre remplie de fleurs : une vraie chapelle ayant pour desservants, un vieux ménage soigné dans sa vieillesse, comme la comtesse n’en a jamais vu. Des rapports s’établissent entre la comtesse et le