Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Samedi 1er juillet. — J’avais à table, près de moi, une femme aux yeux bistrés, au langage mélancoliquement polisson, à la distinction souffreteuse, au décolletage excitant. On vint à parler d’une de ses amies, toujours en traitement, sans être malade. Alors ma voisine me dit : « Quand une femme est arrivée au moment, où l’essai de ses robes ne lui prend plus tout son temps, où l’amour ne l’amuse plus, où la religion ne s’en est pas emparée, elle a besoin de s’occuper d’une maladie, et d’occuper un médecin de sa personne. »

Mardi 4 juillet. — Là, en ce centre de Paris, au milieu de ces habitations, toutes vivantes à l’intérieur, là, en ce plein éclairage a giorno de la ville, sur cette maison Tortoni, 22, cette maison avec ses lanternes non allumées, avec ses volets blancs fermés, son petit perron aux trois marches, où dans mon enfance, se tenaient appuyés, un moment, sur les deux rampes, de vieux beaux mâchonnant un cure-dent, aujourd’hui vide, il me semble lire une bande de papier, écrite à la main : « Fermé pour cause de décès du Boulevard Italien. »

Samedi 8 juillet. — Enterrement de Maupassant, dans cette église de Chaillot, où j’ai assisté au ma-