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documentation rigoureuse et menue d’un roman réaliste de notre temps.

Mercredi 7 mars. — Dîner chez Zola, dans sa belle et grande salle à manger nouvelle.

Un très beau et très fin dîner, au milieu duquel est servi un plat exquis : des bécasses au vin de Champagne, dont la recette a été rapportée par Mme Zola de Belgique, et dans la sauce duquel salmis, est écrasé du foie gras : ce qui fait un velouté sucré inénarrable.

Un moment, on entend Coppée, dont le ricanement de la voix prend quelque chose de la pratique de Polichinelle : « Oh les jeunes ! je me rappelle, moi, mes premières visites chez Leconte de Lisle… je m’y rendais comme on va à La Mecque… maintenant, eux, à la première entrevue, de bouche à bouche, ils vous traitent de vieux c… »

Jeudi 8 mars. — Combien ce Tacite de Burnouf, en six volumes ?

— Dix francs, me répond le libraire Delaroque.

— Il y a vingt ans, on l’aurait vendu trente-cinq francs… mais aujourd’hui on ne veut plus d’auteurs latins.

Dimanche 11 mars. — Quinze jours sans crise, et